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Episode 6 : La convocation (NSFW + 16 ans)
hagal sonna une deuxième fois, en laissant cette fois son doigt appuyé sur la sonnette. Caleb finit par lui ouvrir, une goutte vermeil perlant à la commissure de ses lèvres. L'homme à tout faire du comte pencha la tête de côté, curieux de savoir à quelle occupation s'adonnait Vatore pour avoir tant tardé, et crut reconnaître la chevelure d'Ophélie dans l’entrebâillement de la porte du salon.
« J'espère que c'est une raison impérieuse qui vous amène ici, Shagal !», maugréa Caleb, mécontent d'avoir été dérangé.
Shagal ne répondit pas, fixa au contraire sur le vampire un regard empli de mépris avant de lui tendre une chevalière. C'était un bijou magnifique, à dix côtés, se portant au pouce et où étaient gravés les mots latins ...inie vivas in me ("...inius, puisses-tu vivre en moi") ; les premières lettres du nom avaient été burinées pour le rendre méconnaissable. L'anneau était en or massif avec une pierre d'onyx gravée de la déesse Hécate.
Le visage de Caleb s'était fermé à la vue de cet objet qui ne pouvait émaner que de Vladislaus et constituait l'ordre implicite de se rendre immédiatement auprès de lui.
« Vous pouvez disposer ! », commanda sèchement Caleb à Shagal.
Comme celui-ci restait planté sur le perron avec l'air de douter de sa bonne volonté, Caleb s'exclama d'une voix cinglante :
« Allez, je connais mon devoir ! »
Puis, il disparut dans son manoir, claquant la porte au nez du laquais de Straud.
Après avoir pris congé de sa sœur et d'Ophélie, Caleb se dirigea vers le château, contrarié par cette convocation, mais plus encore alarmé par les raisons qui l'avaient motivée. Il fut accueilli par une des domestiques de Vladislaus, ombre parmi les ombres, qui lui proposa son poignet en guise de friandise. La femme faisait partie des humains de compagnie de Vladislaus qui s'en servait comme coupe-faim et dont avait été drainée toute volonté.
Il refusa poliment l'offre, pressé d'en finir avec son maître, qui l'attendait non pas dans la bibliothèque comme il l’avait cru mais dans sa chambre. Devinant la manière dont allait finir leur entrevue, Caleb fut tenté l'espace d'une seconde de rebrousser chemin avant de se raviser, désabusé. On ne refusait pas une invitation de Vladislaus. En avait-il d'ailleurs jamais eu l'intention ni même l'envie, prisonnier qu'il était de sa relation toxique avec lui ? A sa grande honte, il sentit un frisson d'excitation parcourir son échine.
Quand il entra dans la chambre, Vladislaus lui tournait le dos, appuyé contre le manteau de la cheminée.
« Approche ! »
Quand son maître se retourna, offrant à sa vue son profil aquilin puis l'acuité de son regard de mauve, Caleb se sentit douloureusement subjugué, hypnotisé par ses magnifiques prunelles lilas qui semblaient vouloir lui dévorer l'âme. Il se dégageait du comte une aura délicieusement cruelle, subtil mélange d'évanescence et de décadence baroque. L'élégante silhouette longiligne de Straud se mut avec une grâce vipérine, resserrant progressivement ses cercles autour de lui.
« Voilà comment tu me remercies, Caleb, d'avoir cédé à ton caprice d'enfant gâté en t'autorisant à travailler sous ton véritable nom ? Tu tentes de me voler ma proie ? »
Caleb ne répondit pas. Il ne bougea pas davantage quand l'ongle acéré de son maître fit sauter les boutons de sa chemise jusqu'à son nombril. Il tressaillit juste légèrement quand la griffe de Vladislaus se faufila dans l'entrebâillement de sa chemise pour lacérer lentement la peau tendre de son torse.
« Tu penses avoir gagné, Caleb, en éloignant cette Ophélie Dainottan de moi ? Eh bien tu te trompes, tu n'as fait que reculer l'échéance. Sache que la jeune fille est déjà en mon pouvoir et qu'elle sera bientôt mienne ! Totalement mienne... »
Caleb garda prudemment le silence même si les projets de son maître à l'encontre de la jeune fille le révoltaient au plus profond de son être. Vladislaus dut sentir la réprobation de son amant car il enchaîna aussitôt :
« Tu t'es entiché de cette mortelle, c'est ça ? Ne le nie pas, je peux encore sentir son odeur sur toi... Ôte tes vêtements et mets-les au feu, tu pues par trop l'humain ! »
Caleb obéit à son maître, puis se tint debout devant la cheminée, se forçant à laisser ses bras le long de son corps pour ne rien celer à la vue de Vladislaus dont l'humeur pouvait se montrer si changeante et si vindicative !
Les flammes mordoraient le corps subtilement viril aux proportions parfaites, sculptant les muscles en un fascinant jeu d'ombres et de lumières. Vladislaus se délectait en silence de ce spectacle. Après un long moment, il ordonna d'une voix que le désir avait rendu rauque :
« Défais également ton chignon ! »
La lourde chevelure de Caleb croula dans son dos et sur ses épaules, distillant dans la chambre son délicat parfum de bois de santal et d'iris. De sa jeunesse florentine, il y a six cents ans, il avait gardé les cheveux longs et ses habitudes cosmétiques. Que se rappelait-il exactement de ce temps-là ? Se rappelait-il les tortures que Vlad lui avait infligées ? L'avilissement qu'il lui avait imposé ? Les circonstances de la transformation de sa sœur chérie et le rôle qu'il y avait joué ? Vlad avait pris soin d'effacer de sa mémoire tous ces épisodes compromettants pour lui, mais il doutait de l'efficacité de son pouvoir tant le regard que Caleb posait parfois sur lui était brûlant de haine.
Pour l'heure, sa créature affichait une expression indéchiffrable. Vlad s'approcha d'elle pour soupeser une pleine poignée de ses cheveux qu'il porta à ses lèvres pour mieux les respirer. Enfin, il ramena les mèches derrière son oreille, dégageant son cou d'albâtre.
« Tu es tellement beau, Caleb ! »
Son jeune amant de six cents ans lui faisait penser à une statue de marbre, un de ces chefs d’œuvre du Quattrocento dont il avait peut-être été le modèle.
Vlad méprisait sa créature mais il devait reconnaître que, malgré la flétrissure de son âme et la ruine de sa réputation qui avaient précédé sa transformation, Caleb avait gardé cette grâce juvénile empreinte de pureté qui fouettait ses sens tout en ravivant ses pulsions sadiques.
Dans un geste de soumission, Caleb ploya la tête pour lui offrir son cou. Quand Vlad y planta les canines, il sentit son amant tressaillir de douleur et s'accrocher par réflexe à sa veste.
Alors, il ferma les yeux, aspira avec délectation son sang, anticipant le plaisir de leur corps-à-corps à venir. Un corps-à-corps cruel et sauvage que seul Caleb savait lui offrir.
Appuyé sur sa canne, Maldoror faisait les cent pas dans le couloir, bouillonnant d'une colère de plus en plus dévastatrice qui anesthésiait la douleur de son pied bot. De là où il était, il ne perdait rien des ébats de son Maître tout en se demandant pourquoi il s'infligeait une telle torture. Son ouïe extrêmement fine lui permettait d'entendre les gémissements de plaisir de Caleb, ses plaintes délicieusement affolées et affolantes dont raffolait si fort le Maître.
« Sale chienne en chaleur, tu sais comment tenir le Maître, hein... ».
Le silence s'était fait dans la chambre du comte.
Maldoror attendait.
Enfin, Caleb sortit, simplement recouvert d'un drap, sa longue chevelure de courtisane se déroulant scandaleusement dans son dos tel un étendard. Maldoror voulut s'avancer vers la chambre de Vladislaus mais Caleb fit un pas de côté pour l'en empêcher.
« Le Maître se repose et ne veut voir personne », ne put-il s'empêcher de déclarer dans un insolent sourire de défi.
Maldoror était presque aussi puissant et dangereux que leur maître, mais en cet instant, Caleb n'en avait cure. En cet instant, il goûtait trop le plaisir de le voir fulminer de rage pour s'en inquiéter .
« Profite de ce moment, de ce pathétique et éphémère moment où tu penses m'avoir blessé, riposta trop calmement Maldoror de Melmoth. Tu ne sais rien de ce qui me lie au Maître, rien de la force de cette intimité, rien des sentiments qui nous unissent... Que connais-tu à l'amour de toute façon ? Tu n'as jamais aimé, tu n 'as jamais été aimé ! »
Les derniers mots atteignirent Caleb de plein fouet car ils étaient vrais. Si Caleb avait aimé, il n'avait jamais été aimé en retour. Ni dans sa vie d'humain, ni dans sa vie de non-mort. Et c'était sa plus grande blessure. On l'avait certes désiré, on l'avait possédé mais on ne l'avait jamais aimé.
Par un admirable effort de volonté, Caleb garda son sourire affable alors qu'il se sentait dévasté par la douleur. D'un gracieux mouvement de la tête, il replaça les mèches rebelles de ses cheveux dans son dos, dévoilant malencontreusement les marques qui ornaient son cou. Maldoror, que cette vision avait rendu fou de rage, le saisit à la gorge pour le soulever de terre.
« Tu n'as pas pu t'empêcher de le laisser boire à ta gorge, petite salope mâle, éructa-t-il, perdant tout contrôle. Tu n'as aucun honneur, aucune dignité ! Tu te laisses saigner comme un vulgaire humain ! J'aimerais te voir crevé !
— Moi aussi... »
Maldoror le relâcha avec dégoût.
« Tu n'es pas digne de mourir de ma main, sale vermine humaine ! »
Caleb s'inclina devant lui, faussement respectueux, avant de se redresser avec une grâce insupportablement nonchalante.
« Si vous n'avez rien de plus intéressant à me dire, Votre Magnificence des Ténèbres, permettez que je me retire... »
Et Caleb s'éloigna sous les yeux courroucés de Maldoror.
Quand il fut sûr d'être à l'abri de son regard, il abandonna son attitude fière et insolente. Les souvenirs de son histoire avec Maldoror jaillirent avec tant de force qu'il tituba jusqu'à la balustrade, prit appui contre l'une de ses colonnes, totalement anéanti par l'émotion et le dégoût de soi. Il se rappelait sa rencontre avec Maldoror de Melmoth qui se faisait alors appeler Mircea de Mănești et qui suscitait déjà le désir, aussi bien chez les hommes que chez les femmes . Et Caleb s'était consumé de désir pour lui, dévoré par une passion aussi intense que destructrice. Il lui avait tout abandonné : son cœur, son corps, sa fierté d'homme. Et Maldoror avait tout pris, tout saccagé, sans jamais rien lui donner en retour si ce n'est la honte de sa déchéance et la désespérance.
Caleb leva son visage vers le ciel.
Le soleil de Forgotten Hollow ne pénétrait jamais les nuages. Parfois, il arrivait à Caleb de rêver qu'il sentait ses rayons réchauffer sa peau glacée. Il s'allongeait nu dans son jardin et laissait le soleil lui faire l'amour. Mais bien sûr, ce n'était qu'un rêve. Un rêve échappé de ses réminiscences humaines qui le faisaient cruellement souffrir tout en le rendant vulnérable.
Il laissa choir le drap jusqu'à terre et s'avança nu jusqu'aux marches du perron. Puis il prit la forme de son totem et, d'un battement d'ailes prompt et vigoureux, s'envola vers les cieux, ivre de liberté.
Tags : Forgotten Hollow, sims 4, Vladislaus Straud, Caleb Vatore, Maldoror de Melmoth, Patrick Shagal, nsfw, +16
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Commentaires
Quel chapitre! Et tes images, Parthenia. C'est tellement beau *sanglote*
Caleb est le jouet de ces tristes sires :/ incapable de se libérer, obligé à se soumettre, à se laisser humilier. Quelle éternité de malheur pour lui :/ On voudrait que vienne la délivrance, on redoute que l'amour lui soit donné, on ne voit aucune issue, on ne sait pas si Caleb veut être sauvé, finalement.
C'était magnifique, j'ai adoré ♥
3HeidiSamedi 27 Février 2021 à 01:36Ce chapitre a failli me faire verser quelques larmes pour ce pauvre Caleb... mais comment peut-il "apprécier" ce monstre qu'est Vladislaus ?
Et comment il se laisse dominer par Vlad et insulter par Maldoror ! Mais rebelle-toi Caleb !
Pauvre Caleb, j'espère qu'un jour il se libérera du joug de Vlad... s'il ne le fait pas je prends ma tronçonneuse et je m'occupe PERSONNELLEMENT de Vlad (oh oh, le caractère de mon OC déteint sur moi )
("Interdit aux moins de 16 ans" youpi, j'ai exactement l'âge lol )
Caleb .... J'aurais jamais pensé que parmis ses semblables, il avait le rôle de victime! Comment c'est possible? Il a l'air tellement sûr de lui devant Ophélie et là devant Vlad et Maldoror il s'écrase ...
Qu'elle est sa vrai personnalité, auprès de qui il joue un rôle?
En tout cas ce qui est sûr c'est que Caleb protège tout de même Ophélie même si elle est pas tout à fait en sécurité chez lui, mais je me dis que chez Vlad elle serait vraiment dans la mouise!
Je suis sûre que la route d'Ophélie et de Vlad vont se croiser ( sinon il n'y aurait pas d'histoire ) je crains ce moment là ...
Ouais, laisse le vilain Vlad brûler dehors, ça lui apprendra un peu à respecter Caleb (et Maldoror aussi tiens, c'est aussi un vilain méchant qui fait du mal à Caleb ! )
Je me demande comment et quand Caleb va s'en sortir, parce que je suppose que si un jour il rencontre Morgyn, c'est qu'il s'en sortira ! Mais comment, et quand ??? Vivement la suiiiiite !!!
(Haha, les apparences sont trompeuses, je peux avoir la maturité d'une adulte )
(Et la perversité d'une adulte aussi, je veux plus de NSFW !!! lol )
Mais dites-donc, Dame Parthenia, ne serait-ce pas votre simself qui est domestique chez Vlad ? Il est très fort de t'avoir embobiné ainsi...
Que dire que les autres commentaires n'ont pas dit ? L'éternité de Caleb est une bien triste prison. Le jouet de ses sinistres maîtres, consentant jusqu'à un certain point.
Mais, Caleb, ne pourrait-il pas être un jour aussi fort que Vlad et Maldoror ? Ou le fait d'être la création de Vlad le soumet-il à lui ? Ne peut-il pas dépasser son maître ? A moins qu'il soit assujeti à lui à cause de la maladie de sa soeur... Que de questions encore...
Maldoror est un personnage assez fascinant aussi. Le fait qu'il souffre continuellement ne doit pas arranger son caractère non plus. Je suppose qu'on en saura plus sur lui un peu plus tard.
Un bien beau chapitre que tu nous as écrit là. Mais si crépusculaire, si chargé de souffrance et de désespoir... Je comprends que tu veuilles te changer les idées ^^.
Ton univers est toujours aussi agréable à lire, merci pour cette belle histoire ♥♥♥
J'y crois pas! L'histoire est a nouveau en ligne..J'ai cliqué sur la vignette en haut a gauche sans trop y croire mais l'histoire est bien la..Je sais deja ce que je vais faire ce soir moi! :D
Au fait, sympa le nouveau design!
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Alors là..c'est totalement décadent, tout comme j'imagine l'univers des vampires,avec leur violence et leur soif de sexe..
Pauvre Caleb.. il a plusieurs visages, je trouve, qui changent selon la personne qu'il a en face de lui.. est-ce par instinct de préservation? par simple lacheté? par indifference? ou une autre raison? Il m'a fait de la peine.. aparemment il n'est pas franchement apprécié par Maldoror. est-ce à cause de leur ancienne histoire? ou une simple question de jalousie par rapport à Vlad? je le trouve bien mystérieux ce Maldoror.. et trés inquiétant!
J'aimerais bien connaître les pensées de Vlad à propos de Caleb et Maldoror!
Instinct de préservation ?
ça c'est sûr !
Lâcheté ?
Peut-être un peu, mais il ne peut malheureusement pas grand chose à sa situation...
Indifférence ?
C'est sa façon en effet de supporter sa condition misérable...
Maldoror est effectivement très jaloux de l'attention que Vlad semble donner à Caleb, il ne comprend pas leur relation, ou plutôt il a peut-être justement compris qu'il s'agit plus que ce que Vlad est prêt à accepter...